Hydrogène et architecture : vers une révolution conceptuelle ?
L’hydrogène et ses potentialités, sont aujourd'hui au cœur de l'attention de tous les acteurs de la transition énergétique. La révolution qui pourrait s'amorcer avec cette énergie est le fruit de recherches dans tous les secteurs qui pourraient la mettre à profit que l'on parle de mobilité, d'architecture, de construction… Après plusieurs missions impliquant l'hydrogène dont la création d’une station de chargement d’hydrogène destinée aux bus et aux bennes à ordures ménagères de la Métropole de Dijon, B27 vous propose un dossier spécial sur l'Hydrogène.
Rencontre avec un précurseur de l'accompagnement des collectivités et des acteurs privés dans la transition énergétique et numérique par l’emploi des technologies utilisant l’hydrogène, Nicolas Aumar Directeur pôle énergie de Rougeot Energie.
Pourquoi l'hydrogène s'impose de plus en plus dans le paysage énergétique ?
L’émergence de l’hydrogène comme vecteur d’énergie d’avenir est la combinaison de trois facteurs principaux.
Tous les gouvernements ont désormais pris conscience de l’importance de réduire leur empreinte carbone en se concentrant dans un premier temps sur le transport qui concentre 1/3 des émissions de gaz à effet de serre.
L’épuisement des ressources d’hydrocarbures, et l’augmentation des besoins en énergie, provoquent une hausse des prix qui parait inéluctable.
Les technologies permettant de convertir l’énergie électrique en hydrogène facilitent le développement des voitures fonctionnant à l’énergie électrique.
Extrêmement rare en gisements naturels, l’hydrogène est principalement issu, soit du vaporeformage de gaz naturel ou de combustibles fossiles, soit de l’électrolyse de l’eau.
Gaz extrêmement léger, l’hydrogène occupe cependant un volume important dans les conditions de pression standard. Pour le stocker et le transporter efficacement, il faut fortement réduire ce volume.
Aujourd’hui la majeure partie des constructeurs automobiles a retenu la solution du stockage sous forme gazeuse à haute pression. Cette technologie permet de stocker la quantité d’hydrogène nécessaire à une voiture pour parcourir de 500 à 600 km entre chaque plein.
Concernant son prix, le volume actuel de l’utilisation de l’hydrogène ne peut pas lui permettre de viser la parité avec le gasoil. Dans ce contexte, il ne s’avère actuellement compétitif que pour les véhicules gros consommateurs d’énergie comme les poids lourds, les bus, les bennes à ordures ou les engins de chantiers.
Quels sont les principaux défis techniques posés par l'hydrogène ?
Ils sont multiples, mais pour faire simple rappelons que l’on parle ici de gaz et d’électricité. Cette énergie requiert donc une approche pluridisciplinaire qui, de la mécanique des fluides au génie électrique, des enjeux de compression à ceux de sécurité, met à profit toute la palette des compétences des ingénieurs et techniciens.
Quels sont les impacts et opportunités du développement de cette énergie pour le secteur de la construction ?
Les priorités environnementales contemporaines sont vastes. Mais elles constituent autant d’opportunités d’innovations en chaîne notamment pour le monde de la construction. Envisager le chantier zéro carbone nous poussera, par exemple, à envisager une rationalisation extrême du transport des matériaux avec évidemment des conséquences sur leur mise en œuvre et donc une nécessaire évolution des techniques constructives.
L’approvisionnement des engins de chantier en énergie aura un impact sur la façon de traiter le bâtiment. Et ce d’autant plus que l’hydrogène pourra aussi être utilisé pour stocker à proximité l’électricité produite à partir du photovoltaïque du site pour alimenter ensuite les camions, les chaudières…
Autant de sujets qui engagent un partenariat naturel entre les architectes énergétiques du bâtiment tels que Rougeot Energie et des architectes et bureaux d’études construction plus traditionnels.
Je crois que si jusqu’ici l’architecture avait pour vocation de produire de belles enveloppes dans lesquelles les ingénieurs devaient intégrer les réseaux, dorénavant la priorité faite à l’enjeu énergétique implique une conception inversée où ce sont la conception et la mise en œuvre des réseaux qui influenceront fortement l’enveloppe architecturale.