Îlots de chaleur urbain et fréquence des canicules : fatalité ou opportunité d'aménagement durable ?
La réverbération de la chaleur associée à la minéralité des espaces urbains peut induire des écarts de températures de 3° à 4° - pouvant aller jusqu’à 10° lors des épisodes caniculaires - entre l’environnement citadin et les espaces ruraux.
Le dérèglement climatique que nous connaissons a conduit de nombreuses villes à identifier dans leurs documents d’urbanisme cette notion “d’îlot de chaleur urbain“. Avec pour enjeu de trouver des parades à ce qui s’affirme comme de moins en moins supportable pour les habitants et de plus en plus incohérent avec leurs aspirations environnementales. L’une des solutions repose naturellement sur la végétalisation des aménagements urbains.
Tour d’horizon de cet enjeu avec Louise Rischmann, paysagiste au sein de B27.
La notion d’îlots de chaleur urbain s’impose de plus en plus dans les documents d’urbanisme des grandes villes confrontées à une demande récurrente de leurs administrés incommodés par la récurrence des épisodes caniculaires notamment nocturnes.
Certes, les aménageurs testent depuis de nombreuses années des enrobés de voiries plus clairs pour limiter leur réverbération. Certes, les architectes pensent la 5ème façade comme un espace vert, ou mettent à profit des matériaux de revêtement thermiquement plus neutres. Mais pour Louise Rischmann, paysagiste au sein de B27, penser cette problématique des îlots de chaleur urbains est d’autant plus passionnante qu’elle est transversale à l’ensemble des travaux publics. Avec pour défi d’identifier ces îlots et d’imaginer comment créer en contrepoint des îlots de fraîcheur.
« Cela supposera à terme que nous acceptions tous de modifier notre rapport à la ville », explique Louise Rischmann. « Parce que réussir ce pari d’îlots de fraîcheur devra avoir pour objectif de diminuer notre dépendance à la climatisation. Parce qu’envisager le végétal non comme une décoration mais comme une substitution aux circulations minérales suppose d’accepter de cheminer sur du gazon même par temps de pluie… »
Grâce à la végétalisation d’un maximum d’espaces, la réverbération de chaleur ne serait plus une fatalité mais au contraire une opportunité de répondre simultanément aux grands enjeux climatiques et aux aspirations de confort des habitants et de verdissement des citadins.
« Remettre le végétal au centre des projets d’aménagement est en outre l’une des solutions les plus efficaces et les moins onéreuses pour lutter contre l’impact des îlots de chaleur », poursuit Louise Rischmann. « Cela est tellement vrai que les plus grands bureaux d’études planchent actuellement sur des logiciels permettant d’anticiper l’apparition des îlots de chaleur urbains et ainsi convaincre à terme les maîtres d’ouvrage d’aller jusqu’à se doter d’un bilan thermique de leurs aménagements ».